vendredi 8 juillet 2022

Les projets tentaculaires - CM Deiana

 Bonjour à tous!


Les délais s'allongent à mesure que la to-do list s'embouteille à l'aube des vacances. Tout va bien, tout le monde y passera quand même, et chaque fois que je travaille sur l'un de ceux-ci, je me souviens pourquoi j'avais voulu donner la paroles à tou.te.s sur ce sujet, tant les réponses sont diverses, familières, et intéressantes. 

Aujourd'hui nous accueillons sur le site Célia ou CM Deiana et son projet tentaculaire vampirique. Bonne lecture! 


La note d'intention est toujours disponible ici, où vous retrouverez aussi l'ensemble des participations en cours et à venir.


Les projets tentaculaires - Célia Deiana 





1. Bonjour, qui es-tu ?


Bonjour ! Je suis Célia, nom d’auteur CM Deiana.


2. Peux-tu te présenter rapidement ?


Je suis auteur et militant queer.

J’ai publié plusieurs nouvelles en format papier et en numérique, dans les genres de l’imaginaire.

Je m’intéresse beaucoup à la question de la représentation des genres (en termes d’orientation et d’identité) dans ces mêmes littératures.

J’ai auto-publié un roman de l’imaginaire, Gretel, et je publie régulièrement des textes originaux sur mes comptes Plume d’Argent et Wattpad, notamment une série de romance lgbt contemporaine.

J’ai participé également à la création de l’association FantastiQueer.




3. Quel est le nom de ton projet tentaculaire, s’il a un nom ?


« Les Chasseurs »


4. Quel style est-ce ?


Il s’agit d’une série fantastique à tendance ésotérique. Avec des vampires.


5. Quel est son type ?


Pour l’instant c’est un roman. Si tout se passe comme je le souhaite, ce sera aussi plusieurs recueils de nouvelles, un livre illustré et au moins un roman graphique.

Il y a un spin-off d’enquêtes paranormales.


6. Qu’est-ce qui rend ce projet si spécial/précieux/important, rayez la mention inutile ?


Je veux montrer au monde entier que 1. Je suis un génie ; 2. Les vampires sont cools.

Plus sérieusement, ce projet c’est mon bébé, ça fait vingt ans que je le traîne et qu’il mûrit, mes personnages sont littéralement des parties de moi et de mes expérience passées.


 7. Ce projet est-il toujours en cours d’écriture, ou a-t-il été repoussé, mis de côté, ou définitivement abandonné ? Pourquoi, dans tous les cas ?


Il est en cours d’écriture. Le premier volume est achevé, le deuxième (recueil de nouvelles) en cours d’écriture.


 8. Quand est-ce que tout ça a commencé ?


2003, j’ai découvert Anne Rice et j’ai envoyé ma première nouvelle à un fanzine. Elle a été publiée, et elle met en scène un des personnages principaux du projet. Ensuite ça a continué à grandir dans ma tête.





9. A quel moment tu as su que c’était un projet tentaculaire ?


Quand je me suis rendu compte qu’une seule trilogie ne pourrait pas suffire à gratter le seul vernis de cet univers.


10. Comment on travaille un projet tentaculaire ? Quels sont tes outils, tes méthodes…


HAHAHAHAHA !!!!

Ah la question n’est pas une blague ?

En gros je me suis fait la main d’abord sur des projets courts. Je savais que me lancer dans un cycle tout de suite n’aboutirait pas (j’ai essayé) parce que je n’avais pas les outils, pas la capacité de concentration nécessaire, par de « plan » établi. J’ai donc écrit plus d’une trentaine de nouvelles, j’ai beaucoup lu (des œuvres très variées en genre et en style), j’ai écrit deux romans. J’ai aussi appris à construire et corriger un texte.

Il se trouve que malgré tout ce travail ce qui a été le plus déterminant ça a été d’atteindre une maturité nécessaire à la création de ce projet (mon premier essai à 24 ans était… l’équivalent de Stephenie Meyer)

J’ai donc écrit et corriger le premier volume. Il a été envoyé et refusé par un premier éditeur, avec lequel je vais discuter (j’ai eu le temps d’apprendre à considérer mon travail d’auteur comme un travail professionnel)

J’ai appris à savoir ce que je voulais et je suis en train de construire une lettre d’intention pour deux ou trois autres éditeurs qui seront plus à même d’adhérer à une forme littéraire plutôt expérimentale.

Quoiqu’il advienne, le fait de faire une présentation « froide » me permet de cadrer le bout de projet qui est intéressant à l’instant T, et d’éviter de m’éparpiller entre les multiples tentacules du-dit projet.



11. Sous quels aspects se manifeste sa tentacularitude ?


La nécessaire obligation d’hyper cadrer ce projet sinon il va éclater. Alors que sur mes autres textes je ne le fais pas. J’ai un point A et un point B, c’est tout ^^


12. Où en es-tu ?


Comme dit, premier roman de la trilogie de base finie, et premières prospections auprès d’éditeurs. Et j’ai deux bêta/pompomgirls donc ça c’est cool aussi.


13. Et si un jour tu finis, publication ou pas ?


PUBLICATION !


14. Qu’est-ce qui aide à garder la motivation face à un projet aussi considérable ?


Des fois je sais pas.

Des fois je me rappelle des retours sur ce premier roman et ça me motive.

Et puis il FAUT que j’écrive cette histoire.


 15. Des doutes, des espoirs ?


Tout le temps des doutes.


16. Un pitch pour la fin ?


      C'est d’abord l’histoire d’un homme qui s’enfonce dans des comportements autodestructeurs après la mort de sa famille, massacrée par une horde de vampires. Il travaille pour une organisation qui pourchasse et massacre toutes les créatures surnaturelles qui vivent parmi nous. Ça lui va. Jusqu’au jour où il se voit confier la garde de sa petite fille, future puissante sorcière, et dont les pouvoirs sont héréditaires.

Ces pouvoirs ne viennent pas de sa mère.

Oups.


Et voilà! C'est tout pour ce vendredi, mais on va essayer de rattraper le retard. Dans tous les domaines, si si. N'hésitez pas à réagir auprès des concernés quand les projets vous plaisent ou vous parlent! C'est toujours motivant et la motivation, dans un projet tentaculaire, c'est la clé. 

On se retrouve très vite pour un.e nouvel.le auteurice! 


Mélanie Guyard - Andoryss

samedi 4 juin 2022

Les projets tentaculaires - Nadia Coste

  Bonjour à tous!


Débordée par la vie de famille, les enfants, l'écriture qui veut pas, les sorties de livres qui veulent bien (je vous refais un post sur le MOVI de "De si jolies boîtes" très vite!), je laisse traîner mes projets tentaculaires, mais ne vous en faites pas, on les verra quand même tous! 

Aujourd'hui, nous accueillons Nadia Coste pour nous parler de son projet, ou plus exactement de son univers foisonnant!  


La note d'intention est toujours disponible ici, où vous retrouverez aussi l'ensemble des participations en cours et à venir.


Les projets tentaculaires - Nadia Coste




1. Bonjour, qui es-tu ?

Bonjour ! Je suis Nadia Coste, autrice de romans jeunesse depuis 2011 !


2. Peux-tu te présenter rapidement ?

J’habite près de Lyon, j’ai un peu plus de quarante ans, trois enfants, et plus de trente romans publiés. Mon best-seller à ce jour, c’est « Ascenseur pour le futur » aux éditions Syros. J’ai co-écrit la série « Les Chevaliers de la Raclette » (ActuSF/La Marmotte) avec Jean-Laurent Del Socorro, et j’attends avec impatience la sortie de « Vendredi dans la peau de ma prof » chez Syros en septembre 2022, un roman co-écrit avec Silène Edgar !


3. Quel est le nom de ton projet tentaculaire, s’il a un nom ?

Je ne sais pas si le projet a un nom global. C’est plutôt un univers dans lequel se placent plusieurs histoires. Pour résumer très fort, on va appeler ça « Fedeylins » puisque c’est le nom de la première saga (4 tomes) qui a été publiée chez Gründ à partir de 2011.




4. Quel style est-ce ?

C’est clairement de la fantasy. Probablement du merveilleux. Et s’il faut des sous-cases, je dirais de la fantasy animalière.

Je pensais écrire pour adultes, mais finalement, c’est plutôt jeunesse YA (et ça me va bien puisque c’est le genre de livres que j’aime lire).


5. Quel est son type ?

100% roman.


6. Qu’est-ce qui rend ce projet si spécial/précieux/important, rayez la mention inutile ?

Quand j’ai commencé à écrire sérieusement (c'est-à-dire après une phase d’exercices que je ne comptais pas du tout faire publier – dont deux romans, deux pièces de théâtre, et plusieurs nouvelles), j’ai décidé de prendre le temps de trouver LE projet. Celui qui mériterait de devenir « un vrai livre » en ayant conscience que personne ne m’attendait. Je pouvais y passer toute ma vie s’il le fallait, mais, si je ne devais écrire et publier qu’une seule histoire, ce serait celle-là. Quelque chose dont je serai toujours fière, même si on m’en parlait quand je serais vieille.

J’ai donc passé plus d’un an à créer tout l’univers (aujourd’hui, je sais que ce n’était que la base, mais une bonne grosse base quand même). J’ai réalisé qu’en un seul tome, ça n’allait pas tenir… il m’en fallait 4 pour commencer. J’ai passé à peu près un an sur chaque tome, puis un an de réécritures (8 versions du tome 1 avant de trouver un éditeur, six ans de travail entre la première idée et la publication).


 7. Ce projet est-il toujours en cours d’écriture, ou a-t-il été repoussé, mis de côté, ou définitivement abandonné ? Pourquoi, dans tous les cas ?

Alors, les 4 tomes de Fedeylins (500 000 signes, soit environ 500 pages chacun) ont été écrits avant de trouver un éditeur. Mais quand Xavier Décousus, chez Gründ, m’a dit oui, il avait tout lu, et nous les avons sortis tous les 6 mois, ce qui a permis aux lecteurs d’avoir toute l’histoire très vite.

Je m’étais laissé une porte pour retourner dans cet univers… et je l’ai fait en 2018 avec « Jivana », chez ActuSF (Naos). C’est un tome unique qui se passe 20 ans après la fin du tome 4 mais peut se lire sans avoir lu les précédents (normalement).

Aujourd’hui, les 4 premiers tomes ne sont plus disponibles en librairie (j’aimerais leur donner une seconde vie en poche un jour), mais on peut toujours découvrir Jivana.

J’avais fait une carte pour cet univers (obvioulsy) et, quand j’ai commencé à réfléchir à un nouveau projet « qui a le même goût », je me suis rendu compte qu’il pouvait tout à fait prendre place dans un coin de la carte pas encore exploré ! Le nom de code de ce nouveau projet ? « Discrète ».

 



 8. Quand est-ce que tout ça a commencé ?

2004 pour la première idée (qui n’a rien à voir, finalement, avec le résultat, à force d’évoluer et de faire des recherches…).

2011 pour la publication du tome 1.

2019 pour la rencontre avec Discrète et l’évidence que j’allais retourner dans l’univers des Fedeylins.


9. A quel moment tu as su que c’était un projet tentaculaire ?

Assez vite, je pense. Je suis du genre architecte (voire l'article "Un petite déjeuner avec Robin Hobb" pour la définition des architectes et des jardiniers), donc j’ai fait un plan de l’histoire, avec une phrase par chapitre… c’est là que j’ai vu qu’il me fallait 4 tomes. C’était déjà beaucoup pour un premier roman d’autrice inconnue !

Et puis j’avais noté des pistes d’histoires dans le même univers, dès le début, pour mettre de côté des idées qui ne convenaient pas à la première histoire (et éviter le syndrome de vouloir tout mettre dans le premier roman).

J’avais de la matière pour plein de suites, plus ou moins indépendantes… pas étonnant que je sois fan de Robin Hobb !


10. Comment on travaille un projet tentaculaire ? Quels sont tes outils, tes méthodes…

J’ai un gros cahier pour mes notes et recherches, avec le calendrier, les phases des lunes, ce genre de choses. C’est ma bible pour m’y référer en cours d’écriture.

En écrivant « Jivana », je pensais devoir relire les 4 tomes précédents, mais en fait, je connais cet univers par cœur.

Y retourner, c’est comme enfiler le pantalon-test pour vérifier si on a grossi et découvrir qu’il nous va toujours.

Je vais procéder de la même manière pour Discrète (notes, recherches, structure… avant la rédaction chapitre par chapitre, puis plusieurs étapes de bêta-lecture pour corriger et réécrire au besoin).




11. Sous quels aspects se manifeste sa tentacularitude ?

Je pense que la carte est ce qu’il y a de plus flagrant. Dans les tomes 1 et 2, on reste autour du village du premier personnage principal. Dans les 3 et 4, sa quête l’emmène plus loin.

Jivana, elle, parcourt une bonne partie du monde… mais en réalité, il y a encore une bonne moitié non explorée.

Discrète ne croisera pas de Fedeylins (je pense. À ce stade, tout est encore possible), mais nous permettra de rencontrer les peuples de l’ouest, où nous ne sommes pas encore allés.


12. Où en es-tu ?

Il faut que je m’y mette ! Le projet Discrète mûrit depuis 2019, mais je n’ai pas vraiment eu le temps de me poser pour faire les recherches qui me manquent, structurer son histoire et me lancer (les autres romans, moins tentaculaires, sont passés en priorité). J’ai des images, des scènes. Je sais comment ça commence, comment ça se termine, et une ou deux péripéties importantes entre les deux.

En vrai, il ne me manque pas grand-chose pour attaquer ce morceau. 


13. Et si un jour tu finis, publication ou pas ?

Je l’espère. Ça prendra le temps que ça prendra. Ce n’est pas le truc le plus bankable du monde, donc c’est toujours un peu plus difficile à placer.


14. Qu’est-ce qui aide à garder la motivation face à un projet aussi considérable ?

Pour ma part, maintenant que le gros morceau est fait, je sais que je peux y arriver. Mais pendant les années où j’écrivais sans savoir si quelqu’un allait vouloir de cette histoire, si des lecteurs allaient un jour la lire… je tenais en me disant que je l’écrivais au moins pour moi. Pour voir la fin.


 15. Des doutes, des espoirs ?

J’appréhende un peu le volume (est-ce que je vais réussir à faire tenir cette histoire en un seul tome, comme Jivana ? Je le saurai au moment de la structure).

Il faut que je détermine également à quelle époque cela se déroule (avant ou après le premier cycle) et les incidences que ça génère (du coup). C’est un risque à trouver encore une nouvelle idée pour lier les deux ! J’espère que celles et ceux qui ont aimé les Fedeylins aimeront tout autant (sinon plus) Discrète !



16. Un pitch pour la fin ?

Ouhlà ! Je peux vous faire écouter le pitch des Fedeylins (https://www.youtube.com/watch?v=3SaZb3nMFVU) et celui de Jivana (https://www.youtube.com/watch?v=u-kZKQDe2go&t=5s)  grâce à la chaîne YouTube « De quoi ça parle ? »  que je gère à mes heures perdues…

Quant à Discrète, c’est un peu tôt pour donner un pitch, mais je peux révéler qu’on va suivre une jeune héroïne issue des aqualantes (un peuple avec un côté poisson, mais pas que), qu’on va parler d’écologie et d’agoraphobie (un truc simple). Et il y a d’autres espèces nouvelles, mais toujours à une échelle entre 10 et 20 cm de haut.



Un grand merci à Nadia pour ses réponses et n'hésitez pas à découvrir ses univers, toujours merveilleux. 


A très vite pour un.e nouvel.le auteurice! 


Mélanie Guyard - Andoryss

vendredi 13 mai 2022

Les projets tentaculaires - Guilhem Méric

 Bonjour à tous!


Après une petite pause de vacances, nous revoici pour discuter projets tentaculaires, cette fois-ci avec Guilhem Méric, dont la trilogie est achevée. Bienvenue sur son projet! 


La note d'intention est toujours disponible ici, où vous retrouverez aussi l'ensemble des participations en cours et à venir.


Les projets tentaculaires - Guilhem Méric





1. Bonjour, qui es-tu ?

Guilhem Méric, depuis que j’ai réussi en 2010 à trouver un nom de plume qui me plaise, lors de la sortie de mon premier roman


2. Peux-tu te présenter rapidement ?

Je suis une sorte de couteau suisse artistique depuis mon plus jeune âge. Bédétiste jusqu’à 25 ans, musicien et producteur d’une comédie musicale pendant sept ans, graphiste, vidéaste et finalement auteur de romans, de billets d’humeur et même de tribunes sur quelques quotidiens nationaux. Pour moi, tous ces arts sont intrinsèquement liés, chacun apporte sa richesse à une histoire et c’est peut-être pour ça que j’ai mis tellement de temps à choisir celui pour lequel j’étais vraiment fait.


3. Quel est le nom de ton projet tentaculaire, s’il a un nom ?

Il s’agit de Myrihandes. Un nom plutôt long à trouver car je cherchais à l’origine à le créer d’après une étymologie grecque. Mais comme je ne trouvais rien de beau ni de convainquant, je l’ai finalement inventé de toute pièce, en conservant malgré tout des consonnances évocatrices de la Grèce Antique.



4. Quel style est-ce ?

Bonne question. Au début, quand je ne connaissais pas la nécessité des libraires et des éditeurs d’étiqueter les ouvrages par genres bien définis, je l’aurais volontiers classé dans la « Néo Mythologie ». Mais voilà, ça n’existait pas ! Je suis donc rentré de facto dans la voie du conformisme en me retrouvant catalogué en Fantasy.

5. Quel est son type ?

C’est avant tout du roman. Découpé en trois tomes, en parties et en une multitude de chapitres. Cela dit, c’est aussi de la musique, car un compositeur a réalisé trois albums – un pour chaque tome – de musiques originales qui ont toutes un lien avec l’histoire, les lieux, les personnages… Et il y a enfin toute la partie graphique, puisqu’une dizaine d’illustrateurs ont travaillé avec moi sur la saga. Leurs œuvres sont présentes dans les annexes en fin d’ouvrages mais aussi et surtout dans un Artbook de belle facture.



 

6. Qu’est-ce qui rend ce projet si spécial/précieux/important, rayez la mention inutile ?

J’ai toujours été passionné par la survie de l’âme, et par extension, par l’existence des âmes-soeurs. Et puis je suis tombé un jour sur une chanson d’une jeune québécoise, Claire Pelletier, qui parlait du Discours d’Aristophane. De ces créatures magiques coupées en deux par les dieux en colère qui auraient donné naissance aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui, chacun cherchant désormais sa chacune… J’ai voulu m’approprier le mythe, avec d’autant plus de force que j’avais besoin de me guérir de la perte de ma propre « moitié ». Cette histoire, dès lors, est devenue un exutoire et une façon de transformer l’ombre en lumière.


 7. Ce projet est-il toujours en cours d’écriture, ou a-t-il été repoussé, mis de côté, ou définitivement abandonné ? Pourquoi, dans tous les cas ?

Les trois tomes sont achevés et c’était en soi le plus gros du boulot. Toutefois, en fin d’année dernière, j’ai entamé l’écriture d’un spin-off, « Le Long Voyage de Farf », personnage secondaire très apprécié des lecteurs, afin de raconter comment celui-ci, venu de terres lointaines, a pu arriver dans le monde des Hommes.

Je projette d’écrire un autre spin-off qui narrerait l’ascension du « méchant » de l’histoire, un ancien Myrihande dont l’âme déchirée va passer un pacte avec une entité diabolique dans l’espoir de retrouver sa Moitié perdue dans les méandres de la grande Porte des Âmes. L’histoire racontera ainsi la première guerre qui a opposé ce personnage et ses armées de l’ombre avec les Hommes et les autres peuples libres.

 

 8. Quand est-ce que tout ça a commencé ?

La découverte du Seigneur des Anneaux au cinéma a été un vrai électrochoc. Et bien avant ça, celle de Dark Crystal. L’un a fait écho à l’autre et m’a amené à travailler sur la saga Myrihandes dès 2005, date à laquelle j’ai posé les bases de mon univers. Six mois de travail pour développer la « bible » scénaristique, avec ses territoires, ses civilisations, ses peuples et créatures, son passé, ses légendes… Pour mieux m’aider dans la création des personnages et caractériser chacun d’eux, je me suis « amusé » à les imaginer sous les traits de comédiens plus ou moins connus. Un vrai casting cinq étoiles ! D’autant qu’il faut bien le dire, j’ai longtemps hésité entre le format roman et celui du scénario de film. D’ailleurs, aujourd’hui, je dispose des deux.


9. A quel moment tu as su que c’était un projet tentaculaire ?

C’est le but que j’ai visé dès le début. Même si j’ignorais que je travaillerais encore dessus plus de quinze ans plus tard ! Je voulais une histoire étoffée, riche de plusieurs époques, de plusieurs peuples dont les histoires viendraient à se croiser. C’est devenu d’autant plus tentaculaire quand le projet d’adaptation cinéma a démarré, que l’on a produit un documentaire de préproduction diffusé avec mon interview sur Allociné. Le fait d’avoir une trentaine de personnes qui travaillaient avec moi sur ce projet et y mettaient leurs tripes, comme cela a été le cas ensuite sur les campagnes de crowdfunding, m’a fait réaliser avec plus de netteté que j’abordais un sujet universel dans lequel beaucoup de gens se reconnaissaient.


10. Comment on travaille un projet tentaculaire ? Quels sont tes outils, tes méthodes…

Comme je le précisais plus haut, l’étape de la bible scénaristique était indispensable pour synthétiser et structurer mon univers. Bien sûr ça n’a pas suffi. On était en 2005, le premier tome n’était même pas écrit, ce n’était qu’un fil conducteur. Une ébauche posant les bases élémentaires de l’univers de Myrihandes. Par la suite, entre l’écriture, les relectures, les réécritures de chaque livre et ma propre évolution d’auteur, l’univers s’est densifié. J’ai corrigé les incohérences, inventé des détails, des créatures, des éléments du passé dont je ne soupçonnais pas l’importance au début de l’écriture. Jusqu’à finir par écrire des appendices ainsi qu’un lexique sur la langue Myrihande, le Shaïn, que les fans les plus mordus peuvent s’offrir pour apprendre à lire, à traduire et à parler cette langue, d’après les quelques 2000 mots, la syntaxe, la conjugaison et la phonétique simplifiée que j’ai mis à disposition de tous.

 

11. Sous quels aspects se manifeste sa tentacularitude ?

Ça se manifeste déjà, bien sûr, dans la forme multimedia de la saga. Mais aussi à travers la richesse et la densité d’un passé qui est peu évoqué mais auxquels certains lieux et objets font référence, avec tout le background qui bouillonne derrière. J’aime donner aux lecteurs ce sentiment que le monde dans lequel je les embarque est bien plus vaste qu’ils ne pensaient de prime abord. Par exemple, le premier tome se situe presque exclusivement dans un lieu précis, sur les cimes d’une montagne où a « toujours » vécu le peuple des Hommes. Les autres tomes vont faire exploser les codes du premier, rebattre les cartes et montrer que la vie existe ailleurs, chez d’autres peuples, d’autres créatures, sur des terres inconnues que ces mêmes Hommes ont abandonné des siècles plus tôt, manipulés par de fausses croyances.


12. Où en es-tu ?

A la base, le tome 1 a été publié chez le Diable Vauvert en 2010. Des différends avec l’éditeur ont interrompu notre collaboration. J’ai donc fini par racheter les droits, et faute de trouver un autre éditeur, me suis lancé dans le crowdfunding pour donner vie à la saga. Une grande expérience dans ma vie d’auteur indépendant, qui m’a d’ailleurs valu d’être invité aux Imaginales en 2021. Par ailleurs, je suis très satisfait des retours de mes lecteurs, qui considèrent tous le tome 3 comme le meilleur de la série, ce qui n’est pas courant. Peut-être parce que je savais comment tout se finirait depuis le début et que j’ai su ainsi surprendre tout le monde !


13. Et si un jour tu finis, publication ou pas ?

C’est bel et bien fini, mais la publication est chose difficile quand, d’une part, on a été publié une première fois par un éditeur qui a pignon sur rue, et d’autre part quand on a endossé le rôle d’auteur indépendant. En même temps, comment faire autrement quand tout le monde tortille des fesses pendant des années pour vous dire oui ou non, je prends ? Le crowdfunding reste une forme d’édition anecdotique et j’espère plus que jamais trouver l’éditeur qui saura déceler le potentiel de cette histoire.


14. Qu’est-ce qui aide à garder la motivation face à un projet aussi considérable ?

Le fait d’avoir trouvé un agent qui y croit. C’est une personne pleine d’énergie positive, de talents, riche d’un réseau assez important auquel je joins une partie du mien. Elle fait partie des quelques professionnels du métier qui me donnent envie de continuer à me battre pour cette histoire, à la faire sortir de sa chrysalide autoéditoriale pour la faire connaitre du grand public, en France comme à l’étranger.


 15. Des doutes, des espoirs ?

Depuis la pandémie et toutes les conséquences qu’elle a pu avoir sur ma vie, je doute régulièrement du fait d’être capable de continuer à raconter des histoires de qualité, d’être à même d’assurer des séances de dédicace, des interventions… Je suis obligé de prendre beaucoup sur moi pour me montrer présent et efficace.

Côté espoirs, le projet un peu fou d’adaptation audiovisuelle que j’avais fini par abandonner est revenu tout à coup sur le devant de la scène, grâce à un ami du métier qui a su convaincre des producteurs étrangers du potentiel cinématographique de l’œuvre. A ce jour, nous devons nous réunir pour une première session d’écriture fin mai en Pologne dans la perspective de développer la saga sous forme de série.


 16. Un pitch pour la fin ?

          Arrachés l'un à l'autre quand ils étaient enfants, Sisam et Helya découvrent qu'ils sont des âmes-sœurs, capables de s'unir en un seul et même corps : un Myrihande. Promis à la mort, ils vont pousser à la révolte toutes les autres âmes-sœurs prisonnières de leur monde...

Site officiel : www.myrihandes.fr



Merci beaucoup à Guilhem pour le partage de son expérience. N'hésitez pas à poser des questions en commentaire, ou à réagir. Nous retrouverons vendredi prochain la première autrice à s'être prêté au jeu des questions! 

A très bientôt! 

Mélanie Guyard - Andoryss

vendredi 15 avril 2022

Les projets tentaculaires - Lilian Peschet

 Bonjour! 


Nous sommes vendredi, c'est l'heure des projets tentaculaires, et aujourd'hui c'est Lilian Peschet qui se prête au jeu.  La note d'intention est bien expliquée ici, où vous retrouverez aussi l'ensemble des participations en cours et à venir.

C'est à nouveau du crossmédia et il n'y a pas photo, c'est sacrément tentaculaire... bonne lecture! 



Les projets tentaculaires - Lilian Peschet 



La brigade des loups, éditions Voy'el


1. Bonjour, qui es-tu ?


Je m'appelle lilian Peschet.

 

2. Peux-tu te présenter rapidement ?


Ouep. Je suis auteur de SF/Dystopie. J'ai eu un petit passage vide, je reviens dans le game .


3. Quel est le nom de ton projet tentaculaire, s’il a un nom ?


Le ianianCU (le ianian crossmedia universe). C'est MON monde !


4. Quel style est-ce ? 


Multivers SF.

5. Quel est son type ?


Toute œuvre possible. Aujourd'hui je me concentre sur les romans, mais une saison de podcast est sortie et j'ai commencé à programmer un livre dont vous êtes le héros sous Twine. Il y a des projets de jeux de rôle, de jeux de société, il n'y a pas de limite. Si d'autres opportunités se présentes, je les saisirais.

 

6. Qu’est-ce qui rend ce projet si spécial/précieux/important, rayez la mention inutile ?


On dit toujours qu'un auteur/une autrice passe son temps à écrire le même livre. Je serai pas aussi vindicatif. Je pense qu'on a tous quelques thèmes qui nous tiennent à cœur. Cet univers centralise tous mes thèmes.


 7. Ce projet est-il toujours en cours d’écriture, ou a-t-il été repoussé, mis de côté, ou définitivement abandonné ? Pourquoi, dans tous les cas ?


Il est en cours d'écriture mais il me faudra des années pour parvenir à le mettre en œuvre. Des dizaines.

 

 8. Quand est-ce que tout ça a commencé ?


À l'origine, après La brigade des loups, j'ai voulu écrire un roman qui racontait sur plusieurs années la vie d'une entreprise. Les personnages principaux allaient et venaient autour de cette entreprise. Je me suis battu pendant 5 ans avec, mais au final j'ai dû accepter que le projet était trop gros pour moi. Finalement, j'ai décidé de le découper en tranches de période et de le réécrire. J'ai proposé à des éditeurs la partie 3 et l'un d'eux l'a accepté. Elle devrait sortir bientôt. Du coup, j'ai proposé le premier tome, mais il n'a pas convaincu. Alors je vais écrire la partie 2, pour voir. Et si le succès est là, je pourrai reproposer la 1. La 4 devrait sortir un jour.


9. A quel moment tu as su que c’était un projet tentaculaire ?


Quand je me suis compris. On dit qu'un roman se révèle à l'auteur pendant qu'il écrit, j'ajouterai que le roman révèle à l'auteur qui il est.

Ça c'est passé ainsi : je triais mes fichiers et j'ai vu entre tous mes projets une sorte de cohérence. Nouvelles, romans, y avait une certaine logique. Je pouvais les rassembler et les classer dans des mondes distincts. Et là est venue l'envie de lier tous ces mondes avec une clef de voûte. J'ai pensé à King avec La tour sombre. Le Shining, c'est un pouvoir qu'on peut relier à l'innocence, à l'enfance. Mon truc reposait plus sur l'imaginaire.

Je me suis lancé le défis de lier ces œuvres et de les rassembler dans un même multivers à la fin.

 

10. Comment on travaille un projet tentaculaire ? Quels sont tes outils, tes méthodes…

 

Pour moi, c'est un puzzle. Chaque œuvre, chaque livre ou nouvelle est un coup de pinceau d'une image globale. Il faut donc que chaque univers soit cohérent en interne et que l'ensemble le soit globalement. Alors quand on a pas de mémoire comme moi, il faut des outils.

Pour chaque livre, j'utilise Scrivener. Cet outil me permet de développer la cohérence interne.

Pour la cohérence externe j'utilise un logiciel de Notes. J'écris une bible pour chacun, c'est à dire les grandes lignes de l'univers. Il m'arrive d'utiliser Miro pour avoir un tableau de post-it.

Pour les détails, je teste actuellement Obsidian.

Le secret c'est de s'organiser pour avoir quelques points de convergence mais aussi une grande liberté dans chaque univers. Si c'est trop imbriqué, ça devient intenable. Faut penser à Marvel.

 

11. Sous quels aspects se manifeste sa tentacularitude ?


Je créé des timelines pour chaque univers et quand je termine une œuvre, je repars sur une autre à un autre moment. Ex : mon premier texte publié était L'origine des automates de combat dans l'antho Les robots sont-ils nos amis aux éditions Voy'el. J'ai pondu Les recettes du changements dans l'antho Marmite et Micro-ondes et là je rédige un projet space op dans lequel des robots vont sauver l'humanité. Il me manque des points de connexion entre ces deux nouvelles et ce projet. Pourquoi pas un truc durant la seconde guerre mondiale ? Ou légèrement anticipation pour faire la jointure entre Les recettes et le roman sur les robots ? A voir.

12. Où en es-tu ?


Au début. J'ai quelques livres édités. D'autres sur le feu. Chaque projet fait avancer le projet global. Difficile de dire si j'y parviendrai.


13. Et si un jour tu finis, publication ou pas ?


Comme je fonctionne par étape, il y aura forcément des morceaux qui vont fonctionner. Maintenant est-ce que ce sera suffisant pour réunir les univers... no sé.

 

14. Qu’est-ce qui aide à garder la motivation face à un projet aussi considérable ?


Le fait de bosser par sous-projet. D'avoir un horizon "bas". Quand un marche, c'est cool. Je passe à l'autre. Quand un foire, je passe à un autre sans me démotiver. Je me dis que j'y reviendrai plus tard.

Mais je ne peux pas construire l'ensemble d'un coup. C'est trop écrasant, intimidant. Comme si on se disait : "Hey, je vais construire Notre Dame, passez-moi une pelle !". Laisse tomber la déprime.


 15. Des doutes, des espoirs ?


Chaque sous-projet est un défi. Rien n'indique qu'il va convaincre un éditeur, ni qu'il va rencontrer son public. C'est un certain stress.

L'espoir, c'est d'y arriver. Qu'un jour les enfants portent des t-shirts "ianianCU" :D


 16. Un pitch pour la fin ?


Quand l'imaginaire est menacé, comptez sur les héros du multivers pour venir le sauver !


Marmites et Micro-ondes, éditions Gephyre


Merci beaucoup à Lilian pour son témoignage! N'hésitez pas à poser des questions en commentaire, ou à réagir. Et vendredi prochain (ou le suivant, qui sait?) la suite de nos aventures pour le premier projet achevé de la série. 

A très bientôt! 

Mélanie Guyard - Andoryss


vendredi 1 avril 2022

Les projets tentaculaires - Charly Florent

Bonjour!

 

Comme je l'expliquais la semaine dernière, je me suis lancée dans une grande enquête auprès de mes pairs les auteurices sur leurs projets tentaculaires. La note d'intention est bien expliquée ici, où vous retrouverez aussi l'ensemble des participations en cours et à venir.


Aujourd'hui, nous accueillons sur le blog Charly Florent pour son projet! Et nous ouvrons donc notre premier projet crossmedia, car les ambitions de Charly ne se limitent pas à un seul support, comme vous allez le découvrir...




Les projets tentaculaires - Charly Florent




Un peu de jeu de rôle, les gens? 


1. Bonjour, qui es-tu ?


Je m'appelle Charly FLORENT ! Je mets les majuscules, sinon on m'appelle par mon nom de famille :p

 

2. Peux-tu te présenter rapidement ?

 

Je suis un joueur de jeu de rôle depuis l'âge de 6 ans, lecteur passionné depuis le même âge et j'ai commencé à inventer des histoires très tôt. À côté de ça je suis ingénieur spécialisé en mathématiques, intelligence artificielle et gestion de projet et cette dernière casquette me sert beaucoup pour m'organiser !

 

3. Quel est le nom de ton projet tentaculaire, s’il a un nom ?

 

"Les Fils du Sort" avec Fils comme enfant ou fil au pluriel et Sort comme de la magie mais aussi le destin. J'aimais bien le fait d'avoir 4 interprétations possibles du nom.

 

4. Quel style est-ce ?


C'est de la fantasy avec un niveau de vie et de technologie qui ressemble un peu à notre XIXème siècle, mais qui est différent sur beaucoup d'aspects (socio, psycho, mais pas que...).


5. Quel est son type ?


C'est du jeu de rôle sur table (plusieurs one shots, une campagne longue), un visual novel en cours d'écriture (écriture en groupe avec certains de mes joueurs de jdr, avec un rythme régulier) et un roman dont j'ai la structure en tête mais pour lequel j'attends d'avoir une v1 que je considère aboutie de mon monde pour écrire (d'ici deux à trois ans je pense).

 

6. Qu’est-ce qui rend ce projet si spécial/précieux/important, rayez la mention inutile ?


Cela fait longtemps que j'ai certaines des trames de ce monde en tête et il cristallise des années de recherches et d'intérêt. Je me suis fixé sur ce monde, il me parle beaucoup et je n'ai pas envie d'aller en créer d'autres. En ce sens, j'ai l'impression que ce sera LE gros projet de ma vie.


7. Ce projet est-il toujours en cours d’écriture, ou a-t-il été repoussé, mis de côté, ou définitivement abandonné ? Pourquoi, dans tous les cas ?


Je suis toujours en train de travailler sur ce projet. Déjà, j'ai une campagne en cours que je fais jouer dedans donc j'ai des deadlines à respecter pour l'écriture ! Ensuite j'ai de plus en plus de gens qui sont intéressés, me demandent des nouvelles ou m'en parlent avec plaisir. Je n'ai pas encore assez de contenu lisible ou jouable rapidement pour avoir beaucoup d'émulation, mais je compte bien en produire plus et le partager.

 

 8. Quand est-ce que tout ça a commencé ?

 

C'est assez flou parce que j'ai certaines thématiques en tête depuis longtemps, mais je dirais que le vrai début était en 2007, quand j'étais en prépa et que j'ai commencé à écrire une petite campagne pour faire découvrir le jeu de rôle à des amis. C'était du Dungeons et Dragons sans prétention mais j'ai posé la base d'idées que j'ai reprises et raffinées avec les années.

 

9. A quel moment tu as su que c’était un projet tentaculaire ?

 

On m'a souvent dit que c'était bizarre ou dommage de faire jouer mes scénarios dans D&D vu à quel point je mettais en scène plus d'enjeux politiques, sociaux ou mystiques que de combats et de donjons. J'ai fini par écouter un ami, Louis Grange, qui a créé un système de jeu qui correspondait parfaitement à ce que je voulais faire jouer ; il ne me restait qu'à changer l'univers de jeu. Je faisais jouer du Faerûn mais j'avais tellement transformé les pays que ça n'avait plus aucun sens d'appeler encore ça Faerûn !

Juste après avoir dessiné ma carte - la première chose que j'ai faite pour mon nouvel univers - j'étais très enthousiaste. Je me suis fait une liste des choses à faire... il y avait 62 items sur mon premier jet dont certains représentaient plusieurs dizaines d'heures de travail ! Là j'ai su que ce projet venait de prendre une toute autre dimension ;-)

 

10. Comment on travaille un projet tentaculaire ? Quels sont tes outils, tes méthodes…

 

D'abord, je considère que c'est hyper important de bien s'outiller. J'ai un wiki avec lequel je travaille pour répertorier mes éléments d'univers, de trames, de règles... Avoir un endroit où on peut avoir des récapitulatifs c'est indispensable ! Le fait d'utiliser cet outil me permet aussi de créer des agrégats automatiques, par exemple un tableau qui me liste l'intégralité des villes que j'ai créées avec le nombre d'habitants, le pays, la devise...

Ensuite côté méthode, je structure beaucoup ce que j'écris. Typiquement une ville aura certaines caractéristiques, un personnage certaines autres, etc... Quand je crée quoi que ce soit je réfléchis déjà au canvas que je dois remplir. Ma principale source d'avancement est liée à la campagne que je fais jouer actuellement. Mes joueurs ont accepté d'être en bêta et de subir des changements réguliers si nécessaire et j'écris des pans d'univers complets en fonction de là où leurs pas les mènent, des décisions qu'ils prennent et des choses auxquelles ils s'intéressent. Tout ça me permet de garder de la diversité dans la conception et d'avoir des retours réguliers sur ce que je crée, ça contribue beaucoup à la motivation.

Enfin, dernier point essentiel, j'ai deux personnes qui sont complètement spoilées sur tout ce que j'écris. Elles me permettent de vérifier la cohérence, l'intérêt mais aussi de rebondir sur les idées que j'émets pour les rendre plus robustes et magnifier la partie de mon idée qui est la meilleure pour l'exploiter à fond.


11. Sous quels aspects se manifeste sa tentacularitude ?


J'adore créer du contenu, remplir mon univers de pleins de détails que personne ne verra mais qui assurent sa cohérence. J'ai complètement conscience que beaucoup de choses que je fais sont inutiles pour ma narration mais elles m'apportent une intense satisfaction.

Le projet est tentaculaire car je m'intéresse à tous les aspects interconnectés de mon monde entier. Chaque pays est passé au crible de son histoire, de son rapport à la philosophie, à la théologie... mais aussi aux autres pays. Parce qu'un de mes joueurs vient d'une famille noble d'un pays, j'ai créé une centaine de personnages avec une description rapide pour chacun pour qu'ils aient un caractère et une fonction et je les ai répartis dans diverses familles pour tisser un réseau complexe d'alliances et de jeux de pouvoir. Quand je réfléchis à la manière dont marche la magie, je réfléchis à la manière dont chaque effet pourrait avoir impacté la société, la manière de penser, de créer, de consommer... Le côté tentaculaire est dans ces nombreux maillages tous interdépendants que j'étoffe en permanence.


12. Où en es-tu ?


J'ai presque fini une première version de chacun de mes pays. J'ai complètement décrit ma magie la plus répandue (l'arcane) et presque fini la deuxième plus répandue (la théurgie). J'ai des centaines de personnages, un nombre assez affolant de notes... je considère que j'aurais d'ici deux à trois ans une v1 solide de mon univers, c'est-à-dire avec aucun trou sur ce que j'avais envie d'instancier à la base.

Une fois que j'aurais fini cette v1, je pourrais m'attaquer à écrire plus de one shots, mieux formaliser ma campagne, écrire le roman que j'ai en tête et j'aurai probablement une version très avancée de la visual novel. Tout cela étant posé, je ne sais pas de quoi l'avenir est fait mais je n'ai pas l'impression que j'aurai jamais fini ce projet, je vivrai avec tant que j'aurai envie de créer.

 

13. Et si un jour tu finis, publication ou pas ?


Quand j'aurai assez d'éléments je pense, oui. J'aime bien faire découvrir mes idées, les partager et voir comment les autres réagissent.


14. Qu’est-ce qui aide à garder la motivation face à un projet aussi considérable ?


Mes joueurs, les amis qui sont spoilés et les personnes à qui je fais jouer le peu de one shots que j'ai déjà écrits et qui accueillent avec beaucoup d'enthousiasme l'univers. Ces retours me font très chaud au cœur <3


15. Des doutes, des espoirs ?

 

Je n'ai pas particulièrement de doutes, par contre j'ai peur de ne pas avoir le temps de réaliser mes ambitions. J'ai été au chômage pendant deux ans et ça m'a permis d'écrire une quantité considérable de contenu. Maintenant que j'ai repris le travail, je peine à reprendre le rythme et j'espère bien passer dès que je le pourrais à temps partiel pour me consacrer plus longuement à l'écriture.


16. Un pitch pour la fin ?


Mon premier one shot dans cet univers, intitulé "Psychométrie, mon amour ?" :

Le scénario se passe dans le manoir du second fils de la puissante famille Ophale de Crimmor, Léandre. Ce jeune érudit, sensible et gentil, est très curieux d'une nouvelle magie qui fait fureur dans les salons mondains : la psychométrie. On dit qu'elle n'appartient ni à l'arcanisme ni à la théurgie et permet d’apprendre le passé de lieux. C'est particulièrement intrigant et tous veulent connaître l'histoire de leurs vieilles pierres ! L'épouse de Léandre, Méliane, une marchande très compétente à l'esprit vif et au charisme certain, a donc organisé pour lui une session privée. Elle a envoyé leur homme à tout faire, Samuel, un bon arcaniste garde du corps et ami de Léandre chercher la mystérieuse mademoiselle Arabella, une femme aux compétences et au passé inconnus. Le scénario commence à l'arrivée de mademoiselle Arabella dans le manoir.

Les joueurs et joueuses incarnent Léandre, Méliane, Samuel et Arabella dans une enquête étrange et mystique sur fond de doutes et d'intrigues relationnelles entre les personnages eux-mêmes.


 


By Moonlight 
19th Century Oil Painting of Victorian Street 
 Atkinson Grimshaw




Un grand merci à Charly pour son témoignage! Vous pouvez bien évidemment réagir en commentaire et posez des questions, le cas échéant. On se retrouve dès vendredi prochain pour un nouveau témoignage. 

A très bientôt! 

Mélanie Guyard - Andoryss




vendredi 25 mars 2022

Les projets tentaculaires - Andoryss

Bonjour!


J'inaugure comme promis cette première session d'interview sur les projets tentaculaires, dont vous pouvez toujours trouver la liste des intervenants mis à jour ici. C'est un peu facile puisque c'est moi qui ait écrit les question et que du coup, je m'autointerviewe.




Forcément


Cependant, le procédé a aussi des avantages: je teste mes questions, ma mise en page, et je ne passe pas au grill des gens sans avoir éprouvé moi-même la température. Envie d'en savoir plus sur mon projet tentaculaire à moi que j'ai?

C'est parti.

Warning: On va moins parler du contenu que du ressenti des auteurices face à l'ampleur de la tâche des projets tentaculaires. Enjoy! 

Les projets tentaculaires - Andoryss




1. Bonjour, qui es-tu?

Je suis Mélanie Guyard, ou Andoryss, ou Lewelyn (un tiers seulement) selon les publications.

2. Peux-tu te présenter rapidement ?

Voilà une question facile! On en apprend plus sur moi ici, mais après pour les gens qui veulent un rattrapage vite fait, j'ai 40 ans, deux enfants, toutes mes dents, une tendance à l'hyperactivité et un conjoint compréhensif. Je suis autrice de roman, BD, nouvelles, jeux vidéos, livres illustrés, etc etc. J'écris des histoires en SFFF, en blanche, en jeunesse, en adulte, et en tout le reste qui traverse mon cerveau de manière inattendue.

3. Quel est le nom de ton projet tentaculaire, s’il a un nom ?

C'est compliqué. Quand j'avais 12 ans, c'était "Les loups de Chicago". Puis, c'est devenu "Les enfants Milton", "Chicago", "From Chicago"... le titre n'est pas définitif, je n'arrive pas à trouver celui qui fonctionne. On s'en fout, ce sera pour après. Par contre, les titres des volumes, eux, sont prêts et définitifs.

4. Quel style est-ce ?

C'est compliqué. Monde réel, situation réelle, de la mafia, du FBI, des voitures qui explosent... Un pote m'a dit une fois que c'était "Le club des cinq joue à Die Hard" et c'est vraiment ça. Aventure pulp bourrine, dans la veine d'un Veronica Mars, d'un Reacher, d'un Jessica Jones sans le fantastique, ça parle d'histoire de famille et d'héritage dans le milieu mafieux. Du coup ça remue, ça tire dans tous les sens, la quantité d'hémoglobine est déraisonnable et tout le monde ment. En gros.

5. Quel est son type ?

C'est définitivement du roman. C'est même découpé, il y en a sept en tout.

6. Qu’est-ce qui rend ce projet si spécial/précieux/important, rayez la mention inutile ?

J'ai créé le personnage principal vers l'âge du huit ans. Elle m'accompagne depuis si longtemps! Je me suis beaucoup construite en essayant de lui ressembler. J'ai vu l'histoire se densifier peu à peu, j'ai écrit une première version du volume 1 à 12 ans... c'est mon premier projet, et c'est celui que j'aime le plus du point de vue de l'ambiance, des personnages et des péripéties. C'est déjà pas mal...

7. Ce projet est-il toujours en cours d’écriture, ou a-t-il été repoussé, mis de côté, ou définitivement abandonné ? Pourquoi, dans tous les cas ?

Ce projet est toujours en cours d'écriture, mais après avoir écrit une quinzaine de fois le volume 1, j'ai décidé de rédiger la version finale des 7 volumes, dont 5 ont une première version achevée. J'ai donc fait un dossier de 130 pages avec tout dedans, et je vais écrire ce foutu projet pour la dernière fois. Parce que l'alternative, à savoir que ce projet ne voit pas le jour, est insupportable.

8. Quand est-ce que tout ça a commencé ?

Au collège, en cinquième pour la première rédaction. Vers l'âge de huit ans pour la création de l'héroïne et le début de ses aventures dans ma tête.


9. A quel moment tu as su que c’était un projet tentaculaire ?

Je ne l'ai pas su tout de suite. J'ai fait le volume 1, et j'ai vu que ça ne suffirait pas. Du coup, au lycée, j'ai fait le volume 2 et là j'ai découvert une quantité de secrets hallucinants. J'étais full jardinière à l'époque, je n'avais aucune idée de ce que mes personnages allaient faire au chapitre suivant. Cet aspect a évolué au cours du temps, mais c'est clairement de cette façon que j'ai compris que je n'avais que la face émergée de l'iceberg, et que mon histoire remontait à plusieurs générations au-dessus, qu'il allait me falloir des arbres généalogiques, des frises temporelles, et tout un tas de trucs du genre. A partir de là, j'étais perdue pour la cause.

10. Comment on travaille un projet tentaculaire ? Quels sont tes outils, tes méthodes…

Si on commence suffisamment jeune et inexpérimenté, au départ on en met forcément partout (oui, je sais). Dans des carnets, des bords de marges, des cahiers de brouillons, des post-it... l'univers déborde, en réalité. La grande étape va être de rassembler ces éléments en un tout cohérent. Certains le font sans doute à l'intérieur des écrits, mais moi c'était plutôt l'inverse: je découvrais le monde et le back à mesure que j'écrivais. Il y a quelques mois, j'ai fini par compiler un doc avec TOUT dedans après avoir passé des ANNEES à semer des words aux quatre coins de mes ordinateurs et après avoir écrit plus de la moitié (5 tomes sur 7) pour découvrir la plupart des plots point. Je pense que sans cette base solide, tout m'aurait toujours paru approximatif. Ce document me donne l'assise pour envisager l'ultime réécriture et surtout, la possibilité de finir. Scrivener semble être un excellent outil pour ça aussi, mais je ne l'utilise pas, par désespoir essentiellement, quand je vois l'étendue du temps à lui consacrer pour le maîtriser.

11. Sous quels aspects se manifeste sa tentacularitude ?

Chez moi, la tentacularitude du projet se manifeste beaucoup par les secrets de mes personnages. Même si ça fait longtemps que le projet n'est plus géré en jardinière, de temps en temps, j'ai des révélations qui tombent de la part des persos qui me laissent complètement estomaquée, un peu comme si le monde derrière était cohérent sans moi et qu'il se révélait à mes yeux peu à peu. Le fait que chacun de ces secrets fonctionne avec tout ce qui a été fait avant déclenche chaque fois un sentiment d'euphorie très puissant.

12. Où en es-tu ?

Je suis à l'aube de la DERNIERE écriture de la bestiole. Au camp Nano d'avril, je vais réécrire le volume 1. En fin d'année, il sera normalement fini de corriger et je donne deux ans à ma merveilleuse agent pour réussir à le vendre. Pendant ce temps, j'avancerai les tomes 2 et 3. Si ça ne marche pas, j'autopublierai en ligne tout en continuant d'écrire la suite. Avec trois tomes d'avance, ça devrait aller. Il est temps que ça se termine, cette affaire. Mon document de base est prêt autant qu'il devait l'être, c'est que je suis prête aussi. Il n'y a plus qu'à.

13. Et si un jour tu finis, publication ou pas ?

J'adorerais, mais personne en veux. Les versions précédentes du volume 1 qui ont été soumises au cours des dernières années n'ont jamais réussi à convaincre personne. Trop long, trop atypique, trop pulp, les éditeurs jeunesse disent que c'est de l'adulte, les éditeurs adultes disent que c'est du jeunesse, les éditeurs YA font soit de la SFFF soit du réaliste chronique de vie, et je ne suis rangée nulle part. Pas grave. Autopublication en 2024 au plus tard.

14. Qu’est-ce qui aide à garder la motivation face à un projet aussi considérable ?

Plusieurs choses. Déjà, l'absence d'alternative. Je ne peux pas ne pas écrire ce projet. C'est mon doudou, c'est mon premier, c'est celui qui compte, je ne peux pas. Du coup, je suis bien forcée d'avancer, et je me rassure en me disant qu'à travers tous les efforts que j'effectue, je progresse, ce qui sert les autres projets aussi. Et ça, ça n'est jamais perdu. De plus, chaque pas que je fais me rapproche du moment où ça fonctionnera. Je veux y croire. Chaque réécriture a amélioré la bête, donc on avance. Enfin, j'ai un noyau dur de lecteurs qui adorent cette histoire, et rien que pour eux, je peux déplacer des montagnes.

15. Des doutes, des espoirs ?

Le principal doute que je rencontre, c'est la crainte de ne pas être l'auteur à la hauteur de l'histoire extraordinaire que j'ai en tête, de ne pas en faire assez pour qu'elle fonctionne, de ne pas être suffisante en tant que plume. L'espoir, c'est celui de trouver un lectorat à emporter dans la passion furieuse qui m'habite quand il s'agit de cette histoire et de ces personnages. J'en crève d'envie.

16. Un pitch pour la fin ?

A Chicago, les héritiers de deux familles mafieuses s'affrontent pour retrouver un secret d'état qui a couté la vie à leurs parent en évitant de se faire tuer ou pire, de se faire arrêter par les autorités, au passage. Facile. 


Un jour, promis




Voilà! J'espère que cette première note sur les projets tentaculaires vous a plu. Très vite, d'autres auteurices viendront parler des leurs, et de leur lutte acharnée pour faire naître un univers titanesque avec juste un cerveau et deux mains. 

A très bientôt!

Mélanie Guyard - Andoryss